3 questions à . . . Didier Grumbach Président de la Fédération Française de la Couture, du Prêt-à-Porter des Couturiers et des Créateurs de Mode.

A la tête de la Fédération Française de la Couture depuis 15 ans, Didier Grumbach nous livre sa vision, sur Paris, Capitale de la mode, à la clôture de la Fashion Week parisienne.
La Semaine des Créateurs s’est terminée il y a quelques jours donnant la note finale au concert des fashion weeks, mais comment placez-vous Paris par rapport aux autres places de la mode que sont Londres, Milan et New York ?
La Chambre Syndicale de la Couture établit le calendrier des collections depuis les années 1930 ; cette vocation s’est affirmée. Aujourd’hui, cent marques de 23 nationalités différentes composent le calendrier parisien de la mode féminine. L’événement que l’on croyait affaibli voire condamné par Internet est en fait de plus en plus spectaculaire et nécessaire. En privilégiant créativité et savoir-faire et en associant marques notoires et nouveaux talents venus du monde entier, Paris occupe une place centrale. (…)
Au regard de Paris, Londres et Milan sont des événements nationaux. Milan est à 95 % italienne, Londres est un festival de la mode britannique, quant à New York, il n’y a pas de sélection. Or, l’enchaînement des défilés doit être excitant. Le choix des acteurs fait le succès de la pièce.
Comment expliquez-vous l’existence de showrooms étrangers de plus en plus nombreux à Paris, anglais, américains, belges, coréens, chinois, allemands, argentins, etc… ? Que signifie Designers Apartment ?
Les acheteurs internationaux sont peu nombreux à New York et Londres, il est donc normal que les créateurs américains et anglais les reçoivent à Paris. Dans cette logique, Designers Apartment, que notre Fédération organise avec le soutien du DEFI, est une occasion de signaler chaque saison les marques créatives émergentes établies à Paris. Cette opération illustre également le lien entre fabrication française et marques à vocation internationale, témoignant ainsi de la complémentarité de la filière. Designers Apartment pourrait durer des années.
La haute couture et le prêt-à-porter ont longtemps été dissociés voire opposés, pourtant, il semble y avoir une évolution…?
Le dynamisme de la haute couture est une première réponse à votre question. Pendant un siècle, les maisons de couture ont exclu le prêt-à-porter de leurs activités. Depuis quelques années, elles ne sont éligibles en couture que si elles contrôlent leur activité industrielle. La couture est devenue la partie supérieure du prêt-à-porter. Alexis Mabille, Bouchra Jarrar, Alexandre Vauthier, Yiqing Yin, etc. feront en couture ce qui ne peut être fait qu’à la main et en prêt-à-porter, ce qui est mieux fait à la machine.
© Vincent Lappartient