3 questions à ... Xavier Aujard,
Directeur artistique et gérant de la marque Prêt Pour Partir

Le Directeur artistique et gérant de la marque Prêt Pour Partir, spécialisée dans les vêtements d’extérieur haut de gamme, cultive la proximité avec ses clients à travers des outils digitaux et traditionnels. Une stratégie qui lui permet de maintenir la confiance de ses détaillants en France mais aussi à l’international, marché qui représente une part importante de son chiffre d’affaires.

Que représente le marché international pour Prêt Pour Partir ?

Nous réalisons 65 % de notre chiffre d’affaires à l’export. Les pays avec qui nous travaillons le plus sont la Grande-Bretagne, les États-Unis, le Japon. Évidemment, la crise sanitaire a impacté cette partie de notre activité. Actuellement, le marché américain est particulièrement compliqué. Il y a d’un côté la période des élections présidentielles, durant laquelle traditionnellement, les commandes et les achats sont ralentis, et de l’autre, la crise sanitaire qui, bien sûr, a des conséquences sur la consommation et donc sur les achats de nos revendeurs. Au Japon, ce n’est pas simple non plus ! En revanche, les prises de commandes pour la collection printemps-été 2021 ont été très bonnes en Grande Bretagne.

Comment la crise vous a-t-elle obligé à repenser vos actions à l’international ?

Dès le début du confinement, nous avons veillé à garder le lien avec tous nos clients en France et à l’international. Nous avons ainsi envoyé à nos clients étrangers des mails personnalisés. Prêt Pour Partir est une toute petite structure au sein de laquelle je crée les collections et les vends. C’est un atout. Je connais quasiment tous nos clients : j’ai donc une relation de proximité avec eux. Cela a joué en notre faveur. Comme nous sommes proches, ils ont envie de nous soutenir, d’être fidèles.

Dès le déconfinement, nous avons développé de nouveaux outils. Grâce au programme PAD (Plan d’amplification digitale) mis en place par la Fédération Française du Prêt à Porter Féminin et soutenu par le DEFI, nous proposons désormais, sur notre site, un espace b to b. Il est très visible sur la homepage. Cet espace permet à nos détaillants d’accéder à la collection printemps-été 2021 qui se présente sous forme de visuels packshots ou à 360 ° que nous avons fait réaliser par le Studio Grand Shooting.
En parallèle, notre eshop fonctionne bien mais nous faisons en sorte qu’il n’entre pas en concurrence avec l’offre de nos revendeurs que nous souhaitons privilégier. Nous avons également un compte Instagram Pro qui présente de mini vidéos sur chacun de nos modèles.

Nous avons complété ces « services » par l’envoi du book de notre collection printemps-été comprenant des échantillons 20 cm x 20 cm de tous nos tissus dans toutes les couleurs. Quand on est une marque comme la nôtre, très attachée aux belles matières, il est important d’offrir la possibilité de les toucher, de voir le rendu des teintes…

Enfin, nous proposons à tous nos clients qui ne peuvent pas se déplacer au showroom parisien, une visioconférence Zoom durant laquelle j’échange avec eux comme lors d’une vente classique et qui leur permet de voir les modèles de leur pré-sélection portés. Nos clients apprécient et utilisent l’ensemble de ces outils à la fois digitaux et physiques.

Prêt Pour Partir a également participé au showroom virtuel French Fashion Corner dédié au marché américain, organisé par Business France en liaison avec la Fédération Française du Prêt à Porter Féminin. Compte tenu du contexte, j’espère avoir des retombées d’ici 6 mois un an. Nous avons aussi intégré le Tranoï Link, plateforme de mise en relation entre les acheteurs et les marques. 

L’important aujourd’hui est de cultiver la visibilité de sa marque par tous les moyens possibles : qu’ils soient nouveaux ou plus traditionnels, directement sur le terrain en France ou en Europe, pour compenser les pertes à l’international. C’est ainsi que désormais, je me déplace chez mes clients dans l’Hexagone pour leur présenter la collection printemps-été chez eux. En novembre, je vais faire la même chose en Belgique notamment pour prospecter. 

Comment envisagez-vous l’avenir ?

Pour maintenir l’activité, rien ne se fera sans le produit ! C’est lui qui fait la différence. Nous avons la chance d’être une marque de niche reconnue pour sa qualité, son style unique. C’est très sécurisant pour un consommateur qui a besoin désormais d’être sans cesse rassuré. Nos vêtements se vendent bien malgré le contexte et les détaillants sont prêts à nous suivre et ont confiance dans la marque tant pour la qualité de la fabrication que pour le service que nous essayons de leur apporter.

Cette reconnaissance ne nous empêche pas de réfléchir à de nouveaux axes créatifs. Je crois beaucoup à un dressing moins genré. Je suis certain que les femmes vont de plus en plus s’approprier des pièces du vestiaire masculin. C’est visible depuis longtemps dans mes collections. Du coup, nous préparons une capsule homme pour l’hiver prochain. Cela nous permet aussi d’avoir une palette de propositions plus large sans trahir notre ADN. Si nous avons des projets, nous savons que désormais, qu’il est impossible d’avoir des plans à plus de 6 mois. Il faut être souple, comprendre la demande qui bouge beaucoup. Notre showroom ouvert au public, permet de mieux saisir les attentes de la consommatrice finale et c’est un apport incomparable. C’est aussi une façon d’entretenir la confiance. Je reste optimiste car nos résultats sont bons. Mais pour les maintenir nous devons travailler beaucoup plus et être sans cesse inventifs.

© Christophe Coënon