3 questions à ... Priscilla Jokhoo
Directrice du service Entreprises de la Fédération Française du Prêt à Porter Féminin

Trois questions à Priscilla Jokhoo
Directrice du service Entreprises de la Fédération Française du Prêt à Porter Féminin, Priscilla Jokhoo accompagne des marques émergentes et créatives. Elle nous livre sa vision de la jeune création, son état d’esprit actuel, ses attentes et nous apporte quelques conseils précieux à ne pas négliger en période de lancement. Focus sur la jeune création d’aujourd’hui et de demain !
Comment se porte les jeunes entrepreneurs de mode ?
Dans le contexte actuel, si incertain, les jeunes entrepreneurs font preuve d’une détermination et d’un optimisme sans faille. Ce sont d’ailleurs des qualités indispensables pour se lancer ! L’entreprenariat est une aventure risquée, intense et sur la durée. Si les marques émergentes sont évidemment les plus touchées par la crise, elles ont aussi développé une incroyable créativité et une combativité exceptionnelle, j’en suis toujours très admirative. Au-delà la créativité, les entreprises de mode sont de plus en plus transparentes et marquent leur authenticité avec un discours franc, sans « filtre » et incarné leur « raison d’être » est placée au cœur de leur projet. Le client n’achète plus seulement un produit, il a besoin de pouvoir s’identifier aux valeurs de la marque, aux engagements du ou de la chef d’entreprise. Le personal branding et tout ce que cela implique sont une arme puissante quand on sait être vrai auprès de sa communauté. Cette dynamique favorise les entreprises responsables, innovantes et engagées telles que celles que nous accompagnons au sein du programme Talents. Le point commun de nos promotions est de faire preuve d’une grande solidarité, d’une incroyable agilité et de savoir se remettre en question pour faire avancer ses projets respectifs.
L’appel à candidature de la prochaine promotion vient d’être lancé. Je suis certaine que nous trouverons cette année encore de merveilleux talents pour partager cette belle aventure humaine remplie de challenges forts.
2) Quels sont les points à ne pas négliger quand on lance une entreprise ?
Depuis ces cinq dernières années, les profils d’entrepreneurs sont de plus en plus variés et leurs inspirations de plus en plus singulières. Au-delà du propos créatif, ce sont des gens qui ont envie de repenser le business et se positionner comme acteurs de nouvelles solutions. La plupart ont pour ambition de rendre la mode plus accessible, plus incarnée, plus authentique, tant dans le produit que dans le discours. Les solutions technologiques, le e-commerce, les réseaux sociaux et maintenant la crise offrent de nombreuses opportunités. L’occasion d’inventer de nouvelles manières de créer, de vendre ou encore de produire. L’industrie de la mode a certes des règles et beaucoup d’intermédiaires mais bénéficie d’un écosystème extrêmement riche. C’est dans cette dynamique que nous venons de lancer « l’écosystème de la mode », un répertoire de solutions mis à disposition des marques, avec la volonté de leur permettre de visualiser la richesse des acteurs à leur disposition pour les aider, les accompagner et leur permettre de grandir. Cet espace interactif donne aux visiteurs l’accès à une information fiable, classée en fonction de leurs besoins, leur permettant ainsi de trouver toutes les réponses à leurs interrogations. C’est une ouverture sur nos réseaux, nos interlocuteurs et les solutions disponibles.
Conçu pour orienter, guider et informer, l’Ecosystème de la mode référence plus de 270 solutions, dispositifs et organismes essentiels au développement d’une jeune marque.
Cet outil a été conçu afin de mettre à disposition notre connaissance des réseaux, des interlocuteurs et des solutions disponibles.
Pour bien lancer son entreprise, il est essentiel de croire en son projet, se différencier et savoir s’entourer. Pour encourager ce réseau, nous avons inauguré le mois dernier le cursus « Génération Entrepreneurs », en partenariat avec les incubateurs de mode, ADC, La Caserne, Maison de Mode, Village des Créateurs et les Ateliers de Paris. Ces journées sont l’occasion de partager nos expériences, d’ouvrir cet écosystème très dense et de partager avec eux nos nombreux parcours et trajectoires pour, à leur tour, créer le leur. Le collectif est également une qualité que nous voulions mettre en valeur tout au long de ce cursus.
3) Comment voyez-vous l’entreprenariat de demain ?
Les entrepreneurs ont envie de réinventer le business et la façon de vendre. Ils vont surprendre de plus en plus en étant singuliers, à l’opposé des codes actuels. Je pense qu’il y aura davantage d’entrepreneurs « insolents », qui seront dictés par leurs convictions profondes plutôt que par les codes de l’industrie. De plus en plus de modèles hybrides vont naître et les segments vont se brouiller. Ceux qui vont performer seront ceux qui ont une démarche authentique et dont le projet sera porté par une mission et des valeurs fortes. La sincérité du discours permettra au consommateur d’adhérer au projet d’une marque. Les entrepreneurs de demain seront aussi tous responsables, ça ne sera plus un moyen de différenciation.
Les notions de grandeur, de succès ou de réussite ont une définition propre à chaque entrepreneur. Il n’y a pas une voie, il n’y a que votre voie.