3 questions à Nounja Jamil
Directrice opérationnelle du Campus des Métiers et Qualifications de la Mode

La directrice opérationnelle du Campus des Métiers et Qualifications de la Mode en Île-de-France présente ses missions, ses actions et sa vision des métiers de demain.

Présentez nous le Campus.

Le Campus des Métiers et Qualification de la filière mode en Ile de France est, comme d’autres CMQ, un consortium d’établissements qui se place sous la tutelle de 4 ministères : ceux de l’éducation nationale, de l’enseignement supérieur et de la recherche, du travail et de l’économie. Les CMQ mettent en synergie les acteurs économiques, culturels et de l’éducation au sein d’un territoire pour apporter aux mutations du monde professionnel contemporain une réponse juste, adaptée, concrète et rapide. Il y a une centaine de Campus en France dédiés à des secteurs aussi variés que les produits de la mer ou l’automobile ! Les Campus ne sont pas des opérateurs de formation mais soutiennent la formation en proposant au niveau régional des dispositifs innovants d’émulation, de médiation ou encore d’articulation entre les différents acteurs d’une même filière, pour nous, la mode. L’un de nos projets avec le Campus des Métiers et Qualifications de la Mode en Île-de-France est de mettre l’accent sur le nord-est parisien : Aubervilliers, Pantin, Romainville, Montreuil. Nous sommes particulièrement attentifs à la valorisation des formations professionnelles et à la diversité des pratiques en développant des projets mixtes pouvant associer des CAP avec des Master voire des chercheurs.

Quelles sont vos actions et les écoles partenaires ?

Nous organisons, par exemple, des événements qui contribuent à la promotion de différentes formations aux métiers de la mode. En novembre dernier, nous avons ainsi lancé un concours qui rassemblait 13 établissements des académies de Paris et Créteil avec l’association Universal Love. Il s’agissait d’un triathlon de la mode éthique en lien avec les JO 2024. Les participants devaient concevoir une parure à partir de surplus d’invendus de l’industrie du sport. Nous avons mobilisé 450 élèves et étudiants qui se sont retrouvés pendant deux jours sur le campus Condorcet dédié aux sciences humaines à Aubervilliers. Cela a permis à des étudiants de différents niveaux et écoles de se croiser, de partager. Ce concours illustre la mission du Campus : solliciter et mobiliser de nombreux acteurs afin de décloisonner les pratiques. Tout cela est possible grâce à des collaborations avec des « Campus siamois » comme celui dédié aux métiers d’art et du design, à des partenaires mais aussi aux écoles associées au Campus : lycées professionnels, écoles supérieures publiques ou privées sous contrat. Parmi elles, l’IFM, l’École Duperré, l’Ecole nationale supérieure des Arts Décoratifs qui est l’établissement porteur administrativement de notre Campus. Il y a également La Fabrique, la Casa 93, le CNAM qui est notre partenaire pour développer les nouvelles technologies et plateformes techniques ou encore l’École des Chartes avec qui nous avons un programme sur les archives de la mode qui permettra de faire travailler ensemble des CAP métiers de la mode et des étudiants en master archivage. Il est essentiel que les métiers techniques rencontrent les équipes de management, les créatifs et que les CAP soient en contact avec les chercheurs. Trop longtemps savoir et faire ont été scindés avec la main d’un côté et de l’autre ceux qui pensent.

Quels sont les métiers d’avenir sur le secteur de la mode ?

Les fonctions autour du développement durable ont le vent en poupe. La création d’un master comme EnaMoma, programme Mode et Matière, porté par l’EnsAD, l’Ecole des Mines, Paris Dauphine et qui associe des étudiants issus de formation en mode, en management et des ingénieurs, le prouve. La question du digital est également centrale et cela de la conception à la commercialisation en passant par la fabrication, l’innovation matière, la commande, la gestion des circuits courts. Nous avons également engagé une réflexion pour travailler avec une école des jeux vidéos notamment parce que le metaverse est un espace essentiel pour développer d’autres cultures de la mode. Les métiers de la seconde main avec des curateurs, des valoristes, ont également un bel avenir.