3 questions à Violaine Gressier
Global Luxury Industry Manager de Meta

Global Luxury Industry Manager de Meta, Violaine Gressier a en charge d’y développer le hub du luxe. Parmi les outils : le métavers. Elle décrypte ce qu’est ce monde virtuel et comment les marques de mode peuvent l’intégrer dans leur stratégie de développement.

Qu’est-ce que le métavers ?

Pour Meta, le métavers sera un espace social virtuel en 3D où il sera possible de partager des expériences immersives avec d’autres personnes, même si elles ne peuvent pas être ensemble physiquement, et faire ensemble des choses qu’il ne serait pas possible de faire dans le monde physique. Il permet d’abolir la notion de distance physique ou de présence, et cela afin de se retrouver dans une réalité virtuelle alors que l’on est séparé. Le métavers a de nombreux champs applications : ludiques, certes, mais aussi professionnels, éducatifs, en matière de formation… Comme on le sait, la pandémie du Covid a accéléré la digitalisation des entreprises et des usages, ce qui explique cet intérêt accru pour le métavers. En regardant en arrière, on se rend compte que les révolutions numériques sont liées à l’arrivée d’Internet puis de l’Internet mobile. La prochaine décennie sera celle du métavers. Il est en construction et chez Meta, nous considérons, qu’il y en a encore pour 5 à 10 années de travail.

Quelle est la place des marques de mode dans le métavers ?

Dans la stratégie de croissance des marques de mode, le métavers devient central. La première brique est la réalité augmentée. Les essayages en réalité augmentée existent déjà et après le Virtual Try On pour le maquillage, nos équipes travaillent sur le développement d’autres fonctionnalités comme le Body Try On. Chez Meta, les développements sont très importants dans ce domaine. Nous voyons que la finesse du rendu est de plus en plus précise. Nous y croyons beaucoup ! C’est une façon formidable de booster la découverte des produits et donc aussi de catalyser une nouvelle façon d’acheter la mode à distance. Le monde des gamers est aussi une importante source d’inspiration. Je pense, par exemple, à la collaboration entre Balenciaga et Fortnite, la griffe ayant notamment relooké des personnages et intégré une boutique Balenciaga dans le jeu… On voit ainsi que la création d’avatars peut ouvrir de nouveaux marchés. Certains joueurs dépensent beaucoup d’argent pour les vêtements de leurs personnages. On peut déjà imaginer des magasins virtuels avec des vendeurs formés qui vont orienter ces avatars dans l’achat d’un sac emblématique. Aujourd’hui, les marques de mode savent qu’elles ne doivent pas se contenter de créer et de fabriquer mais qu’elles doivent aussi être des storytelleuses. Le métavers est un outil très adapté à cela. D’autant que les futurs clients de ces marques sont totalement connectés. C’est donc une façon d’aller les toucher à travers leurs centres d’intérêts.

Quelles sont les premières étapes à envisager dans une stratégie de développement autour du métavers ?

La première étape est de comprendre comment on engage les communautés en digital. Pour cela, il faut miser sur les live shoppings, créer des filtres de réalité augmentée sur Instagram pour raconter des histoires, proposer des animations… Les marques peuvent aussi développer leur présence sur nos plateformes de messagerie pour s’assurer que leurs communautés ont déjà un espace digital commun qui leur permettent d’échanger. Les possibilités sont donc déjà nombreuses et elles permettent de développer les usages de la réalité augmentée et d’avoir une forte portée sur son audience. Il faut ensuite garder un œil sur les nouvelles plateformes de jeux, avoir en tête l’ébullition autour du métavers. Mais comme je vous le disais, c’est aussi une vision à long terme. Tout va se passer dans les 5 à 10 ans.