3 questions à Frédéric Bougeard
Président de Messe Frankfurt France

Le Président de Messe Frankfurt France, notamment organisateur de Texworld Evolution Paris, revient sur les outils mis en place pendant les confinements pour continuer à mettre en relations fabricants et acheteurs et analyse les conséquences liées à la crise sur la profession.

Quels sont les activités de Messe Frankfurt France ?

Nous sommes une filiale de Messe Frankfurt, troisième organisateur mondial de salons. Messe Frankfurt organise ainsi 500 à 600 rendez-vous chaque année dans une cinquantaine de pays. L’entreprise est également propriétaire du parc des expositions de Francfort. Notre filiale est plus modeste. Nos événements sont centrés sur les territoires français et monégasque et concentrés autour de deux branches : l’entretien textile avec le salon et les forums régionaux Texcare France et l’industrie textile avec Texworld Evolution Paris. Cet événement qui a lieu deux fois par an, en février et juillet, est divisé en 4 salons : Texworld est concentré sur offre textile, fournitures, accessoires, denim, Avantex se focalise sur les solutions high tech et durable pour la mode, Leatherworld est centré sur le cuir et Apparel sourcing rassemble de fabricants de vêtements et d’accessoires. Nous considérons ces salons avant tout comme des plateformes d’export avec 98 % d’exposants internationaux. En effet, depuis vingt ans, l’industrie textile moyenne – haut de gamme a été délocalisée. Aujourd’hui, sur ce niveau de gamme, il est très difficile de répondre à la demande en France. Il faut se tourner vers d’autres partenaires. On compte désormais 5 principaux pays producteurs : la Chine, l’Inde, le Pakistan, le Bangladesh, la Turquie. Texworld réunit les fabricants de ces régions du monde, les rendant ainsi accessibles aux professionnels français et européens de la mode. 

La crise sanitaire a fortement impacté l’activité des organisateurs de salons. Comment avez-vous réagi ?

Pendant les confinements, l’organisation de salons a tout simplement été interdite. De plus, les exposants ne pouvaient pas se déplacer. Il y avait cependant une demande du côté des acheteurs. Nous avons, comme la plupart des organisateurs de salons, mis en place des solutions digitales pour répondre à une partie de leurs attentes. Mais ce n’était pas suffisant. Chez Messe Frankfurt France, nous savons que les acheteurs ont besoin de voir et de toucher les échantillons. Nous avons donc eu l’idée d’organiser des showrooms. Nous n’avons pas inventé le concept, nous l’avons juste adapté à nos activités. Nous avons pris le parti de nous substituer aux exposants, en présentant et en mettant en scène nous-mêmes leurs échantillons. Nous avons également assuré un conseil très personnalisé et développé une application sur Ipad permettant de passer une commande immédiate d’échantillons auprès d’un fournisseur. Évidemment, le format était plus petit que nos habituels salons et notre sélection plus limitée mais cela a permis d’offrir une alternative. Et elle a plu ! La première édition du showroom en février 2021 s’est tenue rue Richelieu à Paris. Pour la cession suivante nous avons doublé notre flux et ouvert un autre showroom à quelques mètres rue du Mail avec une organisation en peu repensée inspirée des « catégories » du salon. L’accueil des visiteurs et de nos clients a été très positif car nous avons été la seule structure à avoir maintenu des rendez-vous physiques.

Comment se passe la reprise ? Est-ce que les salons ont évolué avec les nouveaux outils mis en place pendant les confinements ?

Pour le moment, on ne peut pas encore parler de reprise. Nous avons relancé les salons en février dernier avec les pays qui avaient rouvert. L’édition de juillet va tripler de volume par rapport à celle de l’hiver car la circulation est désormais possible dans toutes les régions du monde exceptée en Chine et à Hong Kong qui n’ont pas rouvert et où les restrictions liées aux voyages sont extrêmement dissuasives. Ce n’est pas anodin car la Chine représente 60 % de nos exposants ce qui est un reflet du marché, 60 % du textile importé venant de ce pays. Pour pallier à cette absence nous allons, sans doute, faire perdurer notre format showroom au sein du salon. Nous l’avons fait en février alors que l’activité était encore limitée mais nous allons le remettre en place afin que les sociétés chinoises soient aussi représentées. Cette solution ne remplace malheureusement pas le contact direct et nos équipes de conseillers n’ont pas la même expertise que les représentants des fabricants. Ces adaptations me font dire qu’aujourd’hui le métier d’organisateur rime avec fournisseur de solutions. Nous devons imaginer des outils pour connecter « physiquement » exposants et visiteurs et pour cela il faut repenser, innover, inventer…