3 questions à Pierre-Antoine Dusoulier
CEO de iBanFirst

Le CEO d’iBanFirst, expert du paiement à l’international, revient sur les risques liés à la fluctuation des changes et sur la façon de les maîtriser. Un enjeu essentiel pour les entreprises du secteur de la mode.
Nous assistons, ces derniers mois, à une forte fluctuation du marché des devises. Qu’apporte iBanFirst aux entreprises de notre secteur ?
En effet, le marché des devises connait depuis quelques mois une forte volatilité. Cette tendance, qui va se poursuivre en 2023, impacte fortement les entreprises. Notre solution permet précisément à ces dernières de gérer de manière optimale leurs transactions en devises étrangères, et de se couvrir contre les risques liés à la volatilité des taux de change. Sur le secteur de la mode, de nombreuses structures travaillent, par exemple, avec la Chine et payent leurs importations auprès de ces fournisseurs en dollars. Dans ces cas-là, les services d’iBanFirst sont particulièrement utiles pour bénéficier de tarifs plus avantageux, améliorer les relations avec ces fournisseurs étrangers et fluidifier les échanges. L’un des services uniques que nous proposons, est le suivi en temps réel des paiements internationaux, qui n’existe que très rarement chez les banques traditionnelles. Nous avons ainsi un traceur qui permet de savoir exactement où en sont les règlements, (et donc au fournisseur qui les attend de savoir quand le règlement sera reçu). Ces bénéfices supplémentaires qu’iBanFirst apporte par rapport aux banques classiques expliquent sans doute son succès. Depuis 5 ans, notre croissance est de plus de 70 % par an.
En tant qu’expert des paiements internationaux, comment envisagez-vous les évolutions du marché des changes en 2023 ? En quoi est-ce que cela peut affecter le secteur de l’habillement ?
La forte volatilité des marchés monétaires va se poursuivre en 2023. Le climat de récession combiné à la forte inflation est de nature à amplifier les variations. Aujourd’hui, l’Euro est dans une phase technique de rebond, alors qu’il était passé en septembre sous la parité avec le dollar. Dans le secteur de l’habillement où les points de marge sont souvent faibles, ces variations peuvent s’avérer très dangereuses. C’est pourquoi de plus en plus d’entreprises se protègent pour se couvrir des risques, et protéger leurs marges. Ainsi, les contrats dits « à termes » permettent tout simplement de bloquer le cours de change utilisé, au moment où l’on fait ses budgets, afin de ne pas avoir de mauvaises surprises. Dans la mode où les collections sont conçues très en amont, il faut donc avoir une visibilité sur le coût des transactions à l’international pour l’achat des futures matières premières. Là encore, couvrir tout ou partie des taux de change des devises utilisées pour ces paiements est essentiel. Sur ce secteur, nos clients couvrent en moyenne à hauteur de 50 % du montant total de leur commande. Les marges commerciales seront ainsi garanties sur 50 % du business. Cette stratégie permet de profiter, sur l’autre moitié, d’une éventuelle amélioration des cours.
Quels conseils donneriez-vous à une marque souhaitant développer son activité e-commerce, sur le marché américain en particulier ?
Je recommande d’avoir un compte en local en dollars – nous fournissons d’ailleurs également cette solution. Cela permet de se faire payer en dollars sur le marché américain sans frais. Malgré le contexte, j’insiste sur le fait qu’il ne faut pas avoir peur de développer son activité aux États-Unis ou au Canada : même si les variations monétaires peuvent inquiéter, un entrepreneur doit d’un côté anticiper et se protéger du mieux possible sur le court terme et, d’un autre, se projeter dans le temps long. Nous avons de nombreux clients dans le secteur de la mode qui ont lancé leur activité dans ces pays et cela se passe très bien. Quand on est entrepreneur, l’international – que ce soit pour l’import ou l’export- n’est souvent plus une option. Tout l’enjeu : être bien accompagné pour avancer avec confiance !